Alternative sûre au produit chimique controversé pour la construction

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Les nouveaux produits chimiques, mis au point par les chercheurs de la KU Leuven
Les nouveaux produits chimiques, mis au point par les chercheurs de la KU Leuven, sont non seulement plus respectueux de l’environnement, mais le processus chimique est également plus écologique. | © Joris Snaet

Le composé chimique BPA (bisphénol A), couramment utilisé dans les produits en plastique, est controversé depuis des années en raison de ses effets néfastes sur la santé. Les chercheurs de la KU Leuven ont mis au point un substitut du BPA aux fonctionnalités similaires, sans effets nocifs sur la santé ou l’environnement.

Qu’il s’agisse de boîtes à lunch, de bouteilles d’eau réutilisables, de planches à découper, de tapis pour chiens ou de bavoirs pour enfants, toute personne recherchant en ligne des produits "sans BPA" n’aura que l’embarras du choix. Le terme "sans BPA" signifie que le produit ne contient pas de bisphénol A, une substance chimique indispensable à la production de plastiques et d’additifs que l’on retrouve dans d’innombrables produits. Toutefois, il n’existe actuellement aucun substitut pleinement fonctionnel au bisphénol A, et les produits étiquetés "sans BPA" peuvent encore contenir d’autres bisphénols nocifs.

L’utilisation de ce produit chimique fait depuis longtemps l’objet d’un débat. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a classé le BPA parmi les perturbateurs endocriniens et les substances toxiques pour la reproduction. L’utilisation du BPA a déjà été partiellement restreinte dans les biberons et les tasses pour bébés et enfants en bas âge, ainsi que dans les emballages alimentaires pour les enfants jusqu’à l’âge de trois ans. En avril, après des recherches approfondies, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fixé une nouvelle dose journalière tolérable (DJT), beaucoup plus stricte, de 0,2 nanogramme par kilogramme de poids corporel et par jour. Cette nouvelle DJT est 20 000 fois inférieure à la précédente.

Alternative avec des propriétés similaires

Le groupe de recherche Sustainable Catalysis and Engineering de la KU Leuven étudie des substituts potentiels. "La structure chimique du BPA présente quelques avantages notables : elle rend les matériaux très solides et résistants à la chaleur. C’est pourquoi il est utilisé dans tant de produits", explique Laura Trullemans, chercheuse postdoctorale. "Le défi consiste à conserver ces propriétés tout en évitant les effets nocifs sur la santé et l’environnement.

Les chercheurs ont développé des molécules alternatives qui conservent la structure centrale du BPA tout en y ajoutant d’autres composés chimiques. "Lors de tests sur des cellules humaines, nous avons observé que nos alternatives réduisaient considérablement ou éliminaient complètement l’activité hormonale", souligne Trullemans. "Même lorsqu’elles sont présentes en concentrations élevées, les substances chimiques que nous avons développées ne se lient pratiquement pas aux récepteurs hormonaux. Les matériaux fabriqués avec notre alternative au BPA sont de la même qualité que les matériaux à base de BPA."

Sûr et durable

Non seulement les nouveaux produits chimiques sont plus respectueux de l’environnement, mais le processus chimique est également plus écologique. "Notre procédé diffère des méthodes actuelles de production de BPA car nous n’utilisons aucune substance toxique. De plus, le rendement élevé généré par notre procédé, associé à la réutilisation des réactifs, permet de réduire considérablement les déchets. Cela nous permet d’optimiser les rendements de manière durable", explique le professeur Bert Sels, chef du groupe de recherche. "En outre, il est possible de produire nos molécules plus sûres en utilisant des matériaux d’origine biologique. La combinaison de la sécurité et de la durabilité, également appelée "sécurité et durabilité dès la conception", est un objectif explicite de l’UE.

La recherche est actuellement menée à l’échelle du laboratoire, ce qui signifie que la mise en OEuvre pratique prendra encore un certain temps. "Nous effectuerons des tests supplémentaires pour garantir la sécurité de la molécule", précise Bert Sels. "En outre, nous devons augmenter l’échelle de production, optimiser la durabilité du processus de production et étudier son utilisation dans des applications spécifiques. L’utilisation du BPA et d’autres bisphénols devrait être encore plus limitée à l’avenir. Il est donc urgent de trouver une solution de remplacement entièrement fonctionnelle.

Bregt Van Hoeyveld