Protoxyde d’azote : émissions incompatibles avec les objectifs climatiques de l’accord de Paris

L’augmentation des émissions de protoxyde d’azote (N2O) mettent à mal les objectifs climatiques des accords de Paris affirme une étude publiée dans la revue Nature, à laquelle participe la Faculté des Sciences.

L’augmentation constante de fertilisants azotés pour soutenir la demande alimentaire mondiale induit un accroissement marqué des concentrations de N2O dans l’atmosphère, un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) et qui reste dans l’air plus longtemps que notre propre espérance de vie.

Cette conclusion fait partie d’une recherche coordonnée par le Tian - Auburn University, USA - Elle implique 48 institutions basées dans 14 pays différents sous l’auspice de Global Carbon Project’et l’International Nitrogen Initiative. L’objectif de l’étude, intitulée A comprehensive quantification of global nitrous oxide sources and sinks était de réaliser l’inventaire le plus abouti de l’ensemble des sources et puits de protoxyde d’azote pour l’atmosphère à l’échelle planétaire.

Dans cette étude, Pierre Regnier et Goulven Gildas Laruelle - BgeoSys, Biogeochemistry & Modeling of the Earth System, Faculté des Sciences - ont conduit la recherche sur les émissions de N2O des eaux continentales et côtières (rivières, lacs, estuaires, océan côtier), ces émissions étant profondément affectées par les apports d’azote d’origine agricole qui diffusent dans le réseau hydrographique global.

L’étude met en évidence une tendance alarmante concernant le changement climatique : la concentration atmosphérique en N2O a augmenté de 20% depuis l’ère pré-industrielle et son accroissement s’est accélérée au cours des dernières décennies suite aux activités humaines, principalement l’agriculture.

Il y a donc un conflit majeur entre la façon dont nous soutenons notre demande alimentaire et notre volonté de stabiliser le climat.


En particulier, les tendances actuelles des émissions de N2O sont incompatibles avec les objectifs climatiques de l’accord de Paris, qui visent à limiter le réchauffement global à 1.5° Celsius. En effet, si rien n’est fait, ces émissions suivent une trajectoire qui pourrait induire un réchauffement deux fois plus important, de plus de 3° Celsius.


Il existe cependant des possibilités de réduire les émissions de N2O, comme démontré en Europe, la seule région du globe ayant observé une diminution des injections de ce gaz à effet de serre dans l’atmosphère au cours des deux dernières décennies.

L’étude, publiée ce 7 octobre dans la revue Nature , démontre que nous avons maintenant une compréhension complète et intégrée du budget de N2O, permettant d’évaluer et de quantifier des mesures visant à réduire les émissions de N2O, mesures qui par ailleurs amélioreront la qualité de l’air de de l’eau, au bénéfice de l’homme et des écosystèmes.

L’étude met en évidence la nécessité urgente de reconsidérer la manière dont nous soutenons nos besoins alimentaires, en introduisant des pratiques agricoles plus durables. Celles-ci réduiront nos émissions de protoxyde d’azote et contribueront à diminuer les impacts majeurs du changement climatique.

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