À partir de plus de 10 ans d’observations de l’atmosphère par satellite, des chercheurs ont étudié l’évolution à l’échelle globale, régionale et nationale de la pollution par l’ammoniac.
Les chercheurs du Service de « Spectroscopy, Quantum Chemistry and Atmospheric Remote Sensing (SQUARES) » de la Faculté des Sciences de l’ULB sont impliqués depuis plus de 10 ans dans la mission scientifique IASI (pour Interféromètre Atmosphérique de Sondage dans l’Infrarouge) : cet instrument, actuellement à bord des trois satellites européens Metop, observe notre atmosphère depuis l’espace. Les données fournies par IASI permettent d’étudier non seulement la météo mais aussi les impacts des activités humaines sur la qualité de l’air et l’évolution du climat.
L’ammoniac est l’un des composés surveillés par IASI. Prépondérant dans notre environnement, il joue un rôle majeur dans la formation des particules fines et donc sur la qualité de l’air et la santé humaine. L’excès de ce composé altère également nos écosystèmes, en affectant la qualité de l’eau et des sols et conduit à une réduction de la biodiversité. Les processus qui régulent les concentrations d’ammoniac restent cependant mal connus.
Se basant sur les mesures journalières de IASI depuis 2008 jusqu’à 2018, les chercheurs de l’ULB rapportent une augmentation de l’ammoniac atmosphérique de 13% à l’échelle du globe. L’Asie de l’est est la région présentant la plus forte augmentation (6% par an) suite à l’augmentation des émissions agricoles et industrielles, mais également à la réduction des émissions d’autres polluants qui favorise son accumulation dans l’atmosphère. En Europe, on observe une augmentation de 21% sur 10 ans. Cette augmentation est en opposition avec les engagements de réduction des émissions pris dans le cadre du Protocole de Göteborg (complément de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance) et de la Directive européenne « NEC » (2001/81/CE) et de ses dérivées (Directives 2003/35/CE et 2016/2284) qui fixent des objectifs nationaux de réduction des émissions.
La Belgique se caractérise par une augmentation de 4% par an sur la période 2008-2018. Elle n’est donc pas à l’abris de se retrouver dans une situation similaire à celle observée aux Pays-Bas fin 2019. L’augmentation de la pollution par les composés azotés comme l’ammoniac y est telle que ce pays a été contraint de bloquer plus de 18 000 projets de construction dans les infrastructures et le secteur agricole afin de protéger la biodiversité des zones Natura 2000 et de respecter leurs engagements dans le cadre de la Directive Habitats (92/43/CEE).
Évolution régionale de l’ammoniac dans l’atmosphère (en %) entre 2008 et 2018 mesurée à partir des données satellitaires IASI. Les régions pour lesquels la tendance calculée n’est pas significative ont été hachurées.
Évolution annuelle (molécules par cm-2 par an) de l’ammoniac dans l’atmosphère à partir des données satellitaires IASI (2008-2018) à l’échelle nationale. Les évolutions relatives (en % par an) pour certain pays sont fournies en gras; les pays pour lesquels la tendance calculée n’est pas significative ont été hachurés.
https://actus.ulb.be/fr/actus/recherche/augmentation-des-concentrations-dammoniac-dans-latmosphere-en-depit-des-engagements-internationaux
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